Fil d'Ariane
Choix du traitement antalgique dans l’hidradénite suppurée
L’hidradénite suppurée (HS) est une dermatose inflammatoire chronique particulièrement douloureuse, reconnue pour être la dermatose
inflammatoire ayant le plus fort impact sur la qualité de vie des patients.1-3
La douleur, présente chez plus de 97 % des patients, est le symptôme le plus invalidant de l’HS. Elle rend les gestes du quotidien difficilement
supportables et favorise l’isolement socio-professionnel, la dépression et les pensées suicidaires.1,4,5
Il est important d'encourager les patients HS, qui souffrent souvent en silence, à signaler toute apparition ou aggravation de la douleur. Cela
permet d’adapter précocement la stratégie thérapeutique via l’évaluation de l’intensité de la douleur par une échelle validée, telle que
l’échelle visuelle analogique (EVA) ou l’échelle numérique (EN).2,6,7
Douleur nociceptive : une approche par paliers
Le traitement antalgique des douleurs nociceptives de l’HS repose sur des recommandations structurées par paliers, conformément aux
directives de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en tenant compte des particularités cliniques de la maladie.3,8
La stratégie thérapeutique doit être réévaluée régulièrement : en l’absence de soulagement suffisant à dose optimale, il est recommandé de
progresser vers le palier suivant.9
Paliers des antalgiques2,10,11
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et les corticoïdes à visée antalgique sont déconseillés par la Société française de
dermatologie (SFD), compte-tenu du risque de complications infectieuses.3
Prescrire des antalgiques
Un traitement antalgique doit être instauré en conséquence, selon les recommandations de l’organisation mondiale de la santé (OMS).
Pour les douleurs nociceptives :1,7
EVA | PALIER | ANTALGIQUES | |
EVA < 3/10 | I | • Paracétamol | |
3/10 < EVA < 6/10* | II | OPIACÉS FAIBLES
± paracétamol | L’adjonction d’un traitement laxatif au traitement d’antalgique |
EVA > 6/10* | III | OPIACÉS FORTS
± paracétamol | |
*Les douleurs modérées à intenses concernent plus d’1 patient HS sur 3.4
Risque de dépendance aux opioïdes
Une prise prolongée de fortes doses d’opioïde faible peut provoquer une dépendance physique.10
Les patients atteints d’HS présenteraient un risque d’addiction 2 fois supérieur à celui de la population générale, avec une dépendance aux
opioïdes dans 32,7 % des cas.13
Comment préparer l’arrêt du traitement ? Une diminution progressive des doses peut être nécessaire après prise prolongée pour éviter
un syndrome de sevrage.10 La HAS préconise de diminuer les doses sur un mois, avec un suivi médical rapproché.14
Si le patient préfère un sevrage rapide (diminution des doses en moins d’une semaine), une hospitalisation est préférable, suivie d’une
réévaluation à court terme (15 jours à 1 mois). Un suivi à long terme devra également être mis en place.14
Nouvelles conditions de prescription des opiacés faibles - 1er mars 2025
Le tramadol ainsi que la codéine (ou dihydrocodéine) doivent désormais être prescrits sur une ordonnance sécurisée, pour une durée
d’utilisation ne dépassant pas trois mois (12 semaines) en raison des risques de mésusage, de dépendance, d’abus et de surdosage. En cas
de poursuite du traitement, une nouvelle ordonnance sécurisée est requise. 10
La prise en charge de l’HS étant multidisciplinaire, il est essentiel d’interroger systématiquement le patient sur ses traitements en cours pour
éviter tout risque de surdosage. 3,15
Douleur neuropathique : une approche très spécifique16
Les douleurs neuropathiques répondent mal aux antalgiques de palier I, II et III. L'approche thérapeutique est donc très spécifique.16
Le traitement de première intention repose sur deux classes thérapeutiques :5
Les antiépileptiques
Les antidépresseurs (inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN) et tricycliques).
Conclusion
Le traitement de la douleur est un pilier important dans la prise en charge de l’hidradénite suppurée, en raison de son impact profond sur la
qualité de vie des patients.1-3 Son évaluation régulière à l’aide d’outils validés est indispensable pour ajuster la stratégie thérapeutique aux
besoins spécifiques de chaque patient.5 Une vigilance accrue est recommandée chez les personnes à risque de dépendance.14 Ce traitement doit être intégré dans une approche globale, incluant un traitement de fond visant à ralentir la progression de la maladie et à prévenir l’apparition de douleurs additionnelles.8
Enfin, en cas d’échec aux traitements de la douleur, de persistance d’une douleur sévère malgré une prise en charge optimale ou de prise
prolongée d’opioïdes, une orientation vers un spécialiste de la douleur ou un service d’algologie est recommandée.5
Références
Sabat R, et al. Hidradenitis suppurativa. Nat Rev Dis Primers. 2020;6(1):18.
Société Française de Dermatologie. Prise en charge de l’hidradénite suppurée. Recommandations de bonne pratique. Argumentaire scientifique. 2019.
Bertolotti A, et al. Recommandations françaises sur la prise en charge de l’hidradénite suppurée. Ann Dermatol Vénérol. 2022;2(3):170-82.
Matusiak L, et al. Clinical Characteristics of Pruritus and Pain in Patients with Hidradenitis Suppurativa. Acta DermVenereol. 2018; 98: 191-4.
Savage KT, et al. Pain management in hidradenitis suppurativa and a proposed treatment algorithm. J Am Acad Dermatol. 2021;85(1):187-99.
Debes C. Validité des mesures de l’intensité douloureuse et comparaison des échelles entre elles. Prat Anes Rea. 2025;29(1):17 -21.
Vidal. Douleur de l’adulte. Mise à jour en avril 2025. https://www.vidal.fr/maladies/recommandations/douleur-de-l-adulte-1775.html (consulté en septembre 2025).
Bermudez NM, et al. Management of hidradenitis suppurativa in the inpatient setting: a clinical guide. Arch Dermatol Res. 2025;317(1):202.
Ameli. Les antalgiques. 10 mars 2025 https://www.ameli.fr/medecin/sante-prevention/medicaments/risque-iatrogenique-prevention-chez-la-personne-agee-de-65-ans-etplus/ focus-sur-les-classes-medicamenteuses-risque-iatrogenique/antalgiques (consulté en septembre 2025).
Vidal. Les antalgiques de palier II pour les douleurs modérées à sévères. Mise à jour en septembre 2025. https://vidal.fr/maladies/douleurs-fievres/prise-charge-douleur/douleurmoderee-severe.html (consulté en septembre 2025).
Vidal. Les antalgiques de palier III pour les douleurs intenses. Mise à jour en octobre 2021. https://vidal.fr/maladies/douleurs-fievres/prise-charge-douleur/douleur-modereesevere.html (consulté en septembre 2025).
Surapaneni V, et al. Pain management in hidradenitis suppurativa. J Am Acad Dermatol. 2024;91(6S):S52-63.
Garg A, et al. Opiod, alcohol, and cannabis misuse among patients with hidradenitis suppurativa: A population based analysis in the United States. J Am Acad Dermatol. 2018;79(3):495-500.
HAS. Traitement du trouble de l’usage d’opioïdes. Bon usage des médicaments opioïdes : antalgie, prévention et prise en charge du trouble de l’usage et des surdoses.10 mars 2022.
ANSM. Bon usage des médicaments de la douleur. https://ansm.sante.fr/dossiers-thematiques/medicaments-de-la-douleur/bon-usage-des-medicaments-de-la-douleur (consulté en septembre 2025).
Vidal. Douleurs neuropathiques : plaidoyer pour une prise en charge rapide. Mise à jour en novembre 2019. https://www.vidal.fr/actualites/23989-douleurs-neuropathiquesplaidoyer-pour-une-prise-en-charge-rapide.html (consulté en septembre 2025).